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Conférence        2005



BIOTECHNOLOGIES, OGM ET PAYSANNERIE PAUVRE
Par Alain WEIL
Directeur de l’Innovation et de la Communication au CIRAD
(Résumé à partir de notes prises au cours de l’exposé et de la discussion)
Aujourd'hui
Demain peut-être
Le débat
La position européenne
OGM, quels OGM, pour qui?
La coordination de la recherche
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Les OGM font progresser la connaissance sur le vivant, la gestion des collections de matériel génétique, l’identification des plantes porteuses de gènes intéressants, la détermination
des schémas de croisements pour faire des plantes qui ne seront pas des OGM, mais pour l’obtention desquelles on aura utilisé des techniques de génie génétique
En ce qui concerne les pays en développement, la meilleure expression de ce que devrait être une position rationnelle est une formule de Jacques DIOUF, Directeur Général de la FAO qui dit en substance : « aujourd’hui, on n’a pas besoin des OGM pour nourrir la planète, mais demain, peut-être, à condition qu’un certain nombre de conditions soient réunies… ».

AUJOURD’HUI

Aujourd’hui les OGM développés l’ont été pour les conditions des pays industrialisés et pas pour les problèmes et les conditions spécifiques des pays en développement et donc aujourd’hui n’ont que peu d’intérêt pour la plupart d’entre eux.
Mais il faut quand même constater que ces plantes génétiquement modifiées continuent à se développer extrêmement vite. En moins de 10 ans, on aurait maintenant 84 millions d’hectares, avec une augmentation de 20%, l’an dernier .
Pour la première fois, l’augmentation est la plus forte dans les pays en développement :
la Chine et l’Inde entre autres et c’est dans les pays en développement qu’à relativement court terme, il y aura le plus de surfaces cultivées en OGM.
Les plantes qui font actuellement l’objet de cultures OGM sont dans  l’ordre : le soja, le coton, le maïs, le colza, avec en premier lieu des gènes de résistance à des herbicides et en deuxième lieu, soit seuls soit associés, des gènes de résistance aux insectes. Si ces cultures se développent, c’est à l’évidence qu’elles ont un intérêt, pas uniquement pour les firmes qui les produisent, mais pour les agriculteurs au plan économique et au plan de la facilité du travail, de désherbage notamment. Ces intérêts manifestes ne sont pas transposables dans des conditions où les premiers freins sont économiques et financiers.
Aujourd’hui, une culture de pays industrialisé et de pays en développement, le coton est de loin la première culture utilisatrice de pesticides au monde : plus de 20 % de l’ensemble des pesticides. Il est vrai que les variétés de coton génétiquement modifiées permettent une diminution des intrants phytosanitaires, intérêt certain, y compris pour le petit paysannat qui n’a pas toujours les moyens de les acheter.

DEMAIN PEUT-ETRE

Un certain nombre d’intérêts potentiels sont avancés par les promoteurs de ces techniques : les résistances aux insectes, les résistances aux herbicides … qui permettent d’accompagner de nouveaux modes de culture dans les pays en développement, par exemple, des cultures sans labour.
On peut aussi envisager de développer la résistance des plantes à la sécheresse, la tolérances à un stress hydrique marqué. Un des succès des OGM, serait de créer des avantages non accessibles actuellement par des moyens classiques.
A Hawaï, par exemple, la culture du papayer était en passe d’être complètement détruite par un virus. Ironie de l’histoire : à l’ombre de ces papayers transgéniques résistants qui ont considérablement diminué les vecteurs du virus, on peut se remettre à cultiver des papayers classiques. Autre exemple : le CIRAD essaie de développer un vaccin vétérinaire polyvalent porté par une bactérie transformée qui aurait la propriété de se diffuser spontanément dans la nature d’un animal à l’autre.
Dans ces contextes, et la frontière entre agriculture biologique et OGM est loin d’être nette.
Les possibilités d’utilisation dans le domaine alimentaire existent, soit pour enrichir en nutriments, en vitamines, en oligo-éléments, des plantes qui en sont naturellement dépourvues ou
pas assez dotées, c’est l’exemple du fameux « Golden Rice », enrichi en précurseur de vitamine A, soit pour supprimer des protéines allergènes dans un certain nombre de produits largement consommés.

LE DEBAT

Au niveau du « peut-être » et du « demain », beaucoup des critiques virulentes portées sur les OGM actuellement en culture qui sont le résultat de la recherche d’hier. Le problème de la recherche, est de savoir ce qu’on pourra faire demain ou après-demain à partir des travaux dans les laboratoires aujourd’hui, à quelles conditions, avec quelles précautions sans se focaliser uniquement sur les inconvénients, tout à fait réels pour un certain nombre d’OGM commercialisés à grande échelle aujourd’hui sans grand intérêt pour les pays en développement.

PERSPECTIVES POUR LES PAYS DU SUD

Les conditions nécessaires pour que les OGM puissent avoir un intérêt dans les pays du Sud sont multiples, mais la première d’entre elles est de développer des produits correspondant à leurs besoins effectifs, avec des précautions indispensables pour s’ assurer de leur bonne utilisation sur le plan sanitaire, le plan environnemental …. dans des pays où les changements climatiques sont souvent beaucoup plus brutaux que dans les pays du Nord, où l’écologie est beaucoup  plus fragile, et beaucoup plus mal connue. Les mesures de précaution prises par des études réalisées dans des pays industrialisés ne sont souvent pas transposables.
Par exemple, l’une des inquiétudes est qu'à la suite de l’introduction de variété spontanément résistantes à des insectes, il s’exerce une pression de sélection extrêmement forte en faveur d’ insectes devenus résistants au gène insecticide.
Pour éviter cela, un certain nombre de techniques sont utilisées dans les pays qui cultivent les OGM à grande échelle, par exemple le fait de conserver dans des « groupes refuges » des populations naturelles s’hybridant avec les autres et transmettant les gènes de non-résistance.
Il est difficile transposer cela dans des pays où les surfaces cultivées sont très petites, où le niveau de compétences techniques est faible, où les prises de décisions collectives sont plus difficiles.
Donc l’utilisation des OGM, quel que soit leur intérêt de principe, va se poser dans des conditions différentes dans les pays du Sud et il ne faut pas apprécier les OGM, uniquement sur le plan des risques sanitaires ou écologiques.

LA SANTE HUMAINE

Les risques sur la santé humaine, on le sait maintenant, sont extrêmement limités. Il est très difficile pour un scientifique d’affirmer que quelque chose n’arrivera jamais, mais on dispose maintenant du recul d’une dizaine d’années de consommation sous des formes très différentes par des populations considérables dans le monde, sans qu’on ait jamais pu relier le moindre problème d’alimentation humaine à l’ingestion d’OGM. Les études continuent et pour l’instant n’ont jamais pu montrer la nocivité pour l’alimentation humaine du moindre OGM.

L’ECOLOGIE

Les risques écologiques sont déjà un peu plus sérieux, mais pas toujours d’une nature foncièrement différente de ceux des produits traditionnels. Le risque de réduction de la diversité génétique, n’a pas attendu les OGM pour être constaté : il y a beaucoup moins de variétés cultivées actuellement que par le passé. Le risque de voir arriver des espèces invasives n’est pas non plus lié aux OGM. A priori, les OGM sont plutôt plus surveillés que les introductions sauvages volontaires ou involontaires de virus, d’insectes, de plantes introduites par des jardineries, par exemple. Le risque écologique paraît plus important que le risque sanitaires pour l’homme mais probablement gérable.

LE RISQUE ECONOMIQUE

Le risque économique paraît nettement plus sérieux. Les OGM véhiculent un certain modèle de développement économique par un petit nombre de sociétés qui vont détenir des positions clés dans l’alimentation des sociétés et dans une certaine mesure dans la stabilité politique d’un certain nombre d’entre elles, phénomène par l’introduction de manipulations génétiques dans les bonnes variétés adaptées à des conditions de cultures déterminées. Il se peut qu’il n’y ait plus de ventes de variétés traditionnelles non transformées, par les droits de propriété industrielle liés au brevets.
Le cadre normal de la protection intellectuelle par le certificat d’obtention variétale était fondé sur un régime juridique tout a fait où les ressources génétiques étaient librement échangeables de par le monde, sous réserve d’une redevance aux obtenteurs de variétés d’origine. Le système des brevets est totalement différent : le titulaire d’un brevet a parfaitement le droit d’interdire l’utilisation de son brevet. Le génie génétique relève du droit des brevets et
par l’insertion de gènes brevetés dans des variétés, il y a une introduction du système des brevets dans l’amélioration génétique traditionnelle qui inquiète fortement les sélectionneurs et entraîne déjà une diminution de la circulation des ressources génétiques sur le plan international

LE RISQUE SOCIAL

L’utilisation des OGM est évidemment une véritable révolution technologique qui va se traduire par des changements sociaux t importants. Il y a des populations qui seront capables de maîtriser les technologies et qui en tireront profit au détriment d’un certain nombre d’autres à l’intérieur d’un pays comme entre les différentes nations.
La « révolution verte » a permis à une époque donnée à l’Asie une considérable augmentation de sa production, mais dans un pays comme l’Inde, beaucoup de petits paysans sont devenus des paysans sans terre, parce qu’ils n’avaient pas les moyens techniques de maîtriser les nouvelles variétés. L’existence des OGM modifie de façon très importante un certain nombre de flux du système de commerce international. On sait par exemple maintenant comment produire du colza et certains types d’huiles industrielles qui étaient avant l’apanage exclusif de l’huile de copra ou de l’huile de palmiste. et l’économie entière d’un certain nombre de pays tropicaux risque d’en pâtir.
Des perturbations sensibles au niveau du commerce international vont probablement créer des difficultés à certains pays quelle que soit leur attitude propre par rapport au développement des OGM : ce n’est pas parce qu’un pays refusera chez lui de cultiver des OGM qu’il n’en pâtira pas indirectement.
Les pays en développement sont de toute façon concernés par le développement de ces techniques et sont aussi soumis à de très fortes pressions. Actuellement en dehors de l’Europe, le seul territoire relativement vierge d’ OGM, est l’Afrique, à l’exception de l’Afrique du Sud. Il y a des pressions absolument colossales de la part des USA pour faire des essais de coton génétiquement modifié puis ouvrir plus largement la porte à d’autres plantes : démarches commerciales, pressions diplomatiques, mais aussi par les voies de la coopération universitaire, par l’offre d’expertise technique, par le biais de règlements et de normes internationales. Il est extrêmement difficile pour les pays africains de résister.

LE SYSTEME DES BREVETS

Ces pressions ne sont pas faites dans leur intérêt. Ou on les condamne et on ne fait rien, ou on les aide à réagir, à prendre leurs décisions. Les brevets sont en train d’envahir un domaine où il n’existait pas il y a dix ans. La question est de savoir gérer une situation présente et d’avoir une attitude politique, sur des systèmes de valeurs, d’organisation sociale, sans attendre d’avoir transformé la société ou d’avoir transformé la gouvernance mondiale pour prendre position sur les problèmes posés.


UN DEBAT SOUVENT FAUSSE

Les OGM sont souvent – et c’est ce qui rend le débat difficile – les otages d’enjeux qui les dépassent très largement. C’est un thème sur lequel il n’est pas très difficile de mobiliser des énergies, de faire passer des convictions très fortes, avec souvent beaucoup de mauvaise foi, à la fois des promoteurs et des adversaires les plus résolus de ces techniques. Des responsables d’associations qui militent violemment contre les OGM, sont tout à fait capables en privé de reconnaître que des OGM se développeront un jour et pourront être tout à fait utiles aux pays en développement. Mais du haut d’une tribune l’opposition aux OGM est un excellent vecteur pour faire passer d’autres idées sur l’iniquité du commerce Nord-Sud, sur le poids des firmes multinationales, sur le manque de contrôle social, sur les orientations de la recherche, beaucoup d’idées qui sont étrangères au vrai débat.

LA POSITION EUROPEENNE

L’Europe est dans une situation extrêmement gênante : réticences extrêmement fortes et autocensure de la part des pouvoirs politiques et des organismes de recherche. Au nom du principe de précaution, on fait de –sinon disparaître – en tout cas e réduire très fortement les capacités de recherche dans ce champ. Le sixième programme de recherche de l’Union Européenne par exemple a pratiquement exclu tout ce qui était la connaissance du génome végétal, par peur d’ouvrir la porte aux OGM. Pendant ce temps là les Américains augmentent leurs efforts d’une façon absolument colossale. Alors les centres de recherche des entreprises qui étaient en Europe sont toutes en train de fermer leurs portes pour partir aux Etats Unis, au Canada ou en Australie, des chercheurs parmi les meilleurs s’expatrient, les équipes de recherche se retrouvent sur ces thèmes là sans interlocuteurs et sans partenaires.
Ce domaine a besoin de forte coopération entre le secteur public et le secteur privé sous peines de graves inconvénients. Premièrement, si un certain nombre d’OGM présentent un intérêt dans des circonstances particulières, il faudra à les importer de la recherche étrangère en lui donnant ainsi le pouvoir. Deuxièmement, la recherche sur les OGM sert pas aussi à faire des progrès en biologie fondamentale, à donner aux pouvoirs publics les moyens de prendre leurs décisions de façon éclairée. S’il n’y plus un minimum de capacité d’expertise publique -et on peut pas devenir expert uniquement en lisant la littérature des autres- la décision d’un gouvernement d’autoriser ou pas un type d’OGM se reposera forcément sur les discours de ses promoteurs.

LES ESSAIS

Ce risque pose la question des financements et la question des essais aux champs. Il faut faire en enceinte confinée tout ce qu’on peut y faire mais une plante en serre ne pousse pas de la même manière que qu’au champ. Interdire à priori le moindre essai en champ quelles que soient les précautions dont on l’entoure, c’est interdire d’apporter des réponses aux questions de transposition des résultats obtenus en serre vers une culture à grande échelle. On pose des questions légitimes et comme on n’a pas de réponses, on décide qu’on ne peut pas autoriser. C’est une tautologie dangereuse. Le soutien des arrachages au champ et des motions interdisant les essais au champ par beaucoup d’élus signifie à terme la disparition de toute expertise publique sur l’évaluation des risques. Quelle est la capacité de l’Europe à résister éternellement au reste du monde surtout si elle n’est plus capable de construire un argumentaire scientifique pour défendre rationnellement ses positions ? L’Europe systématiquement condamnée à l’OMC sans la capacité d’argumenter ses propres refus devrait accepter tout de façon non discriminée : une situation très dangereuse, où les politiques n’assument pas leurs responsabilités.

LA RECHERCHE INDISPENSABLE

Il ne s’agit pas d’être l’avocat des OGM, mais de la recherche sur les OGM. Sans recherche sur les OGM, nous ne serons pas en mesure de faire nos propres choix. C’est une question de société, de légitimité démocratique interne pour décider de l’utilisation ou pas des produits résultant de ces techniques. En revanche, si on interdit la capacité à la fois de se faire un avis argumenté, raisonné, mais aussi de la défendre vis à vis de l’extérieur, ce serait très grave.

LE CAS DE LA CHINE

Après une période de prudence et de recherche en laboratoires les autorités politiques chinoises sont arrivées à la conclusion qu’elles ne pourraient pas arriver à nourrir leur population sans recourir aux OGM. Elles ont une volonté et des discours parfaitement clairs, des moyens très importants pour la recherche, une politique très cohérente, font des ponts d’or aux scientifiques chinois expatriés dans les meilleurs laboratoires mondiaux, avec l’appui de la puissance financière de la diaspora chinoise et des liens avec les firmes chinoises implantées dans toute l’Asie du Sud Est, aux USA… et dans un petit nombre d’années, il est possible que la Chine soit l’acteur dominant du paysage des biotechnologies mondiales. L’Inde n’est pas encore un acteur majeur, mais a tout a fait la capacité de le devenir.

OGM ? QUELS OGM ? POUR QUI ?

Parler des OGM en général n’a plus beaucoup de sens. Les OGM résultent d’ un ensemble de techniques de manipulation, avec lesquelles on peut faire toute chose et son contraire. On peut introduire des systèmes qui vont rendre les graines stériles mais on peut aussi faire l’inverse et introduire dans des plantes comme le mais, par exemple, des phénomènes d’apomixie qui permettent de re-semer des graines de mais d’une année sur l’autre. La course technologique est rapide et nécessite des moyens importants. Les plus petits pays en développement ont très peur de voir encore s’accroître le fossé technologique qui les sépare des pays industrialisés. Ils revendiquent maintenant tous avec énergie qu’o, les laissequ’on ne leur impose pas nos querelles de pays riches et prendre leurs décisions eux-mêmes, en fonction de leur propre système de valeur et de leur propre organisation sociale mais ils sont demandeurs d’appui technique, d’ expertise, de conseils pour se donner les moyens de leurs choix.


LE RISQUE D’ADVENTICES RESISTANTS

Pour les herbicides, il y a des risques maîtrisables et d’autres plus menaçants.. La substitution d’herbicides de type plus ancien et plus nocifs par des herbicides plus récents et et moins toxiques pour l’environnement est un avantage en soi. Si par l’emploi répété de plantes résistantes à différents types d’herbicides de nouveaux, on crée des plantes, à l’origine des plantes cultivées, qui deviennent des adventices, résistantes à tous les herbicides connus, on aura exactement le même cas de figure que pour les antibiotiques en médecine humaine Il ne faut pas décider que dans toutes les circonstances, les plantes résistantes aux herbicides n’ont et n’auront aucun intérêt, en revanche, il faut effectivement connaître les risques, essayer de les gérer et c’est à la société d’estimer d les prendre ou pas, au regard des bénéfices potentiels

LE COUT DES SEMENCES

Le coût des semences n’est pas un problème spécifique aux OGM. Savoir développer des semences améliorées n’est pas à mélanger avec la façon dont ces semences seront mises à disposition des agriculteurs. Des systèmes de vulgarisation agricole ont vu des variétés améliorées multipliés localement et mises gratuitement à la disposition des agriculteurs. Le cas du coton est un bon exemple : les producteurs de coton d’Afrique de l’Ouest étaient encadrés par une société qui leur fournissait les intrants dont la semence et qui se récupérait sur le produit de la vente au moment de la récolte, et pendant très longtemps les performances agronomiques des petits pays africains étaient les plus élevées au monde. Il faut distinguer l’obtention de la variété et la manière dont elle est mise à la disposition des paysans.

LES RISQUES D’ALLERGIES

La question des allergies non plus n’est pas du tout spécifique aux OGM. Il y a un tas de choses qu’on mange tous les jours qui à l’origine étaient éminemment allergènes ou le sont encore pour un grand nombre de consommateurs.
L’exemple le plus souvent cité est celui d’une plante venant du Brésil dans laquelle on avait introduit une séquence qui était allergène. Les mécanismes de contrôle ont parfaitement fonctionné et la variété en question n’a jamais été commercialisée. Quand on connaît les allergènes, on peut s’assurer de ne pas les introduire, avec plus de précision dans les techniques de manipulations génétiques qu’autrement. En revanche, un certains nombre de scientifiques pense de d’introduire des fragments d’ADN dans une plante peut être induire un certain nombre de réactions internes non répertoriées et non détectées à priori. Mais ce risque existe aussi quand on brasse des génomes de façon aléatoire avec encore beaucoup plus d’inconnues que dans les manipulations de génie génétique. Il ne faut pas diffuser des produits à grande échelle sans avoir des systèmes de bio-vigilance qui permettent de suivre les effets induits, de détecter des problèmes, de remonter à leur source : c’est la politique de traçabilité. On ne peut pas attribuer aux OGM des problèmes d’allergie spécifiques généralisés et même dans un certain nombre de cas ils permettent au contraire réduire les allergies.

L’INFORMATION

Sur les OGM, au début, les scientifiques discutaient entre eux et n’étaient pas rentrés dans le débat public. Mais ils ont compris que le financement de leurs recherches venait de la collectivité, qu’ils avaient des comptes à rendre sur leurs choix en matière d’orientation de recherche et sur l’utilisation possible de leurs travaux et des éléments d’information à apporter dans le débat public. Cependant un discours scientifique, par définition, pondéré, fait le tour d’une question, avec ses avantages, ses inconvénients, surtout ses inconnus et reste beaucoup plus difficile à faire entendre que de brandir des grandes peurs et de prédire des catastrophes.

LA COORDINATION DE LA RECHERCHE

Jusqu’à une date récente, la priorité européenne était négative et la génomique végétale était taboue ! Il faut travailler sur des appels d’offres d’un certain nombre de partenaires, notamment étrangers. En France quelque chose d’original a donné jusqu’à présent des résultats, c’est le programme national de génomique végétale « GENOPLANTES » qui regroupe la quasi-totalité des moyens de la recherche publique dans ce domaine, les deux grands secteurs industriels concernés : les semenciers et l’agrochimie. Les semenciers sont toujours là, l’agrochimie est en train de prendre ses distances mais toujours est-il que le programme GENOPLANTES existe en très bonne collaboration entre les organismes, entre le secteur publique et le secteur privé, avec la participation financière d’ organisations professionnelles agricoles.
L’ensemble des résultats de GENOPLANTES est accessible à tous, participants ou pas au financement du programme. Par ailleurs l’IRD et le CIRAD qui ont une mission particulière d’appui aux pays du Sud, peuvent utiliser librement tous les résultats de recherche, qu’ils soient protégés ou non par brevets dans les pays industrialisés, au service de leur mission. Cette clause a été acceptée par tous les partenaires. Mais les budgets publics français par rapport aux budgets des grandes firmes américaines d’agochimie, ne font pas le poids et ont beaucoup de mal à être persistants dans la durée.
Pour les bons scientifiques du domaine, le réseau est par définition mondial ! C’est plus qu’ un choix raisonné, mais vraiment une obligation !

SAVOIR INTERDIRE

Dans le débat publique, assimiler le sang contaminé, l’ESB aux OGM, est vraiment un amalgame sans fondement voire déshonnête. La vache folle, le sang contaminé sont issus de modification de procédés industriels et non pas de recommandations de chercheurs. Ce ne sont pas les OGM en général qu’il faut interdire mais un certain genre de manipulation ! Pour des questions de risque, mais tout autant d’éthique ou de respect d’un certain nombre de convictions, il faut peut-être proscrire les transferts de gènes d’un règne à l’autre. Cela mérite d’être discuté et de faire partie des précautions à prendre. Mais si un gène de résistance à la sécheresse du sorgho introduit dans le mais, va se propager dans la nature, à partir du mais, quel risque supplémentaire va-t-on courir ? Ce n’est pas l même chose que de s’amuser à mettre sur un poisson des gènes de fluorescence de méduse pour faire joli dans un aquarium. C’est vraiment l’amalgame, la systèmatisation du raisonnement sur tous les OGM qui est dangereuse sans que cela veuille dire qu’il faut aussi les accepter tous.

LA PRODUCTION DE MEDICAMENTS

Un certain nombre de médicaments tout à fait courants sont actuellement produits par le génie génétique qui supprime les risques de contamination dont on a vu les effets négatifs par le passé, mais par des bactéries transformées en réacteurs dans une zone confinée. Il n’y a probablement pas actuellement de médicaments produits par des plantes génétiquement modifiées, mais il y a beaucoup de recherche sur cette voie des plantes, comme sur la voie de la production dans le lait ou dans l’urine d’un certain nombre d’animaux. Pour un certain nombre de molécules la modification génétique s‘avérera sûrement la voie la plus efficace, la plus sure et la plus rentable.
En matière de santé humaine, il faut être capable de comparer le poids respectif des avantages et des inconvénients de n’importe quel médicament. Quand il y a des effets secondaires connus on les accepte ou pas selon l’importance respective des avantages et des inconvénients.
Cette démonstration doit être faite, au cas par cas, sur chaque produit particulier

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